Durant l’année 2019, on assiste à une
crise politique de plus en plus aiguë. Littéralement, nous avons connu
des moments de blocage extraordinaire. Mais à côté de tout cela, la sélection
senior masculine de football nous a permis de connaître des moments d’effrois
aussi extraordinaires. Cela a pu être possible par leur performance spectaculaire au Gold UP En terminant premier de son groupe avec 9 points sur 9 par des victoires les unes plus
intéressantes que les autres (2-1 face au Bermudes, 2-0 face Nicaragua, 2-1
face au Costa Rica). La sélection a franchi les quarts de finals avec manière, 3-2 contre
Canada. Elle a
eu un bon match
face au Mexique 0-1 en demi final.
Juste avant la GOLD CUP sa participation dans la première
phase de la ligue des Nations a été
tout aussi remarquable. Et maintenant pour ce mois de septembre 2019, les grenadiers
poursuivent cette competition de Ligue des Nations (Ligue A), dans le groupe D
avec le Costa Rica et le Curaçao. Ils viennent de trébucher pour leur premier
duel en double confrontation sur une équipe de Curaçao en pleine progression (7
septembre, 0-1 à l'aller puis 10 septembre 1-1 au retour) et ont eu un match
nul face au Costa Rica. A signaler, tout comme cette sélection, nos différentes autres sélections de football sont en
progression, comme la U17 masculine (qualifiée pour la phase finale de coupe du
monde Brésil octobre 2019), la U20 féminine (sa participation remarquable à la
coupe du monde de 2018), La U15 féminine (Brillante
en match amical en d'aout 2019, 2 victoires en 2 matches, 5-0 face au
République Dominicaine, 5-0 face au Trinidad), la U14 (Remporte le groupe C du Challenge
CFU U14 2019, avec 4 victoires en 4 matches, 18-0 face au Bonnaire, 20-0 face a
la sélection Turcs and Caicos et 18-0
face, puis 1-0 face au Porto Rico). De part ce dynamisme, le football peut-il
vraiment servir de modèle pour restructurer des secteurs vitaux nationaux haïtiens?
Peut-il aussi aider significativement à l'élargissement de la classe moyenne et
riche en Haïti?
D'après la petite histoire, le football
comme étant sous-secteur important, a
commencé à s’organiser en Angleterre en 1863 et s’est étendu rapidement au
reste du monde. Il a été l’une des premières manifestations de la
mondialisation avec la coupe du monde, qui remonte à 1930. Aujourd’hui, la
Fédération Internationale de Football Association (FIFA), l’instance dirigeante
du football mondial a davantage de membres nationaux que l’ONU. Il a été depuis, aussi une discipline
qui lutte fortement contre la discrimination raciale (le racisme). D’après une enquête Big Count
de la FIFA, publiée en 2006, on dénombre environ 113,000 footballeurs professionnels
dans le monde, dont 60,000 travaillent au sein de l’Union des associations
européennes de football (UEFA), l’instance dirigeante européenne (Kunz, 2007).
Selon les calculs de l’UEFA, en 2011, les revenus du football européen ont
atteint 16 milliards d’euros, dont 6,9 milliards pour les salaires.
Le football européen offre l’image du
succès au sens qu’il a les plus grands
clubs, les meilleures équipes nationales (seuls le Brésil et l’Argentine
arrivent au même rang que des pays européens comme l’Allemagne, l’Espagne,
l’Italie, la France ou les Pays-Bas), les plus grandes ligues nationales, et
les compétitions les plus importantes. La mobilité du travail a largement
contribué à maintenir la domination européenne. Jadis, les joueurs changeaient
souvent d’équipe pendant la même saison au gré d’éventuelles offres plus alléchantes. Mais, les clubs ont institué un
système de transfert obligeant tout joueur professionnel à être enregistré
auprès d’un club. L’enregistrement était la propriété du club, et le
footballeur ne pouvait pas jouer ailleurs tant qu’il n’était pas transféré.
Initialement, le club détenait l’enregistrement à perpétuité, sauf s’il le
vendait; le joueur était ainsi lié au club. Le principal objectif de ce système
était de maintenir les salaires des joueurs à un niveau bas.
Dans les années 60, les joueurs ont
commencé à réclamer davantage de droits, notamment la liberté de changer de
club à la fin de leurs contrats. La migration internationale des joueurs est
devenue un élément important du football à partir des années 50. À cette
époque, l’Argentin Alfredo Di Stefano et le Hongrois Ferenc Puskás étaient les
piliers de la grande équipe du Real Madrid, et dans les années 60, les
clubs espagnols et italiens ont fait la chasse aux meilleurs joueurs d’Europe
et d’Amérique du Sud. Mais jusqu’aux années 1990, la mobilité était
surtout internationale. Avec le développement du câble et du satellite, le nombre de match
retransmis à la télévision a augmenté dans les années 1980, entraînant une
forte hausse de la demande de contenus sportifs et créant un public
international pour les matchs de ligue. L’accroissement de la compétition a
aussi encouragé les clubs à aller chercher davantage de talents en dehors des
frontières. Alors que seulement 9 footballeurs étrangers jouaient dans la
Premier League anglaise en 1992, ils étaient 290 en 2013, soit les deux tiers du
total des effectifs. Même si les chiffres sont moins astronomiques dans les
autres ligues européennes, le pourcentage de joueurs étrangers a atteint environ 50 % en
Allemagne, environs 41% en France et environ 40 % en Espagne. D'une manière
plus spécifique (Maguire, Joseph, Elliott et Richard, 2008) dans 30 ligues étudiées
la présence des joueurs latino-américains parmi les expatriés, est assez contrastée,
étant particulièrement forte en Portugal (79,6%), en Italie (51%), en Espagne
(47.8%), très faibles l'Ecosse (2,5%) et l'Irlande (1.5%). Parmi ces joueurs on
retrouve évidemment des joueurs haïtiens.
Quelques Joueurs haïtiens en catégorie
masculine senior évoluant en Europe à l’heure actuelle
Espagne |
Jean Sebastien
Lauture (2eme division, Cultural Leonesa); Mikael Gabriel (3eme division,
Tropezon); Jim Fednel (3eme division, Sarinena); Tcharly Saint Fleur (3eme
division, Sarinena); Mikael Cantave (4eme division, CD Lealtad)
|
France |
Fredler
Christophe (Ligue 1, Racing Club Strasbourg); Jean-Ricner Bellegarde (Ligue
1, Racing Club Strasbourg); Jean-Kevin Duverne (Ligue 1, Stade Brestois);
Frantzdy Pierrot(Ligue 2, Guingamp); Hervé Bazile (Ligue 2, Le havre); Brian
Chevreuil (Ligue 2, Châteauroux); Bryan alceus (Ligue 2, Paris FC); Stéphane
Lambese (Ligue 2, Orléans); Max Hilaire (Ligue 2, Chambly); Carlens Arcus
(Ligue 2, Auxerre); Leverton Pierre (National 1, FC Metz); Bryan Labaissière
(National 2, Guingamp); Listner kelnel Pierre-Louis (National 3, Jura Sud);
Jean Verron (National 3, Ivry); Shelove Archelus (National 3, Ajaccio II);
Romain Genevois (National 3, Châteauroux II); Gary Ambroise (National 3,
Arras)
|
Pays-bas |
Richelor Sprangers ( 1ère division,
Telstar); Hannes Delcroix (1ère division, RKC Waalwijk)
|
Armenie |
Alex Junior Christian (1ère division,
Ararat-Armenie); Jonel Désiré(1ère division, FC Lori);
Djimy Bend Alex (1ère division, FC Lori)
|
Belgique |
Duckens Nazon ( Saint-Truidense, 1ere division)
|
Azerbaidjan
|
Sony Nordé( 1ère Division, FC Zira);
|
Source: Soccerway.com et Haïti-Tempo
Donc le progrès de notre sélection n'est inéluctablement lié au éventuel progrès considérable de nos championnats de football nationaux. Certes, L'équipe nationale durant la Gold Up a été compose de 50% de locaux et 50% de l'étranger. Toutefois il y a des efforts consentis durant ces 10 dernières années, mais les championnats locaux restent beaucoup à faire pour arriver à un niveau professionnellement acceptable.
Il est évident que les championnats
nationaux souffrent des problèmes infrastructures monstrueuses. De plus, on ne
trouve pas des entrepreneurs qui s’investissent à fond dans des équipes. Vous
retrouverez, des clubs en D1, D2, D3 dans des situations économiques
excesivemenent précaires, que nous n'allons pas détailler. Ce qui implique que
nos joueurs locaux généralement ne sont pas
à leur meilleur niveau en termes de potentialité.
Après la participation de
l'équipe nationale masculine senior dans la coupe du monde Allemagne 1974, avec
la génération de footballeur comme Emmanuel Sanon, Philippe Vorbe, Henry
Francillon, pour ne citer que cela. Sans discussion le football devient
de plus en plus le sport Roi en Haïti. Depuis la nuit des temps, malgré les
investissements ont été rachitiques dans ce sport, avec un championnat de
première division qui essaie de lever sa tête, mais toujours en brancale, le
peuple haïtien reste attaché et rêve de revoir une sélection haïtienne leader
dans les caraïbes et dans l'hémisphère américain. Rappelons-nous aussi, par la
combativité de la sélection de 2007 avec des joueurs comme Alexandre Boucicaut,
Jean Jacques Pierre et les autres, nous avons remporté la Caribbean Cup. Bien
d'autre bon match, comme le nul contre l'Italie en amical en 2017. Donc
l'Espoir est là!
Après cette rencontre versus l'Italie,
la sélection nationale entame une progression remarquable. La ligue des nations de
2018-2019 et le Gold Cup sont des preuves éminentes.
Au niveau de la compétition ligue des
nations les rencontres jouent au principe (aller retour), cela implique
donc des infrastructures adéquats standard pour chaque équipe. Dès la première
phase de la compétition nous avons eu des menaces de fort fait à cause nous
n'avons pas réellement un stade de standard malgré des petites rénovations ont été
réalisées avant le match de Curaçao.
En recevant l'équipe cubaine au stade
Sylvio Cator le 24 mars dernier ( league des nations), le nombre d'haïtien
voulant suivre le match en direct au stade qui se sont obligés de rester dehors, ont été
presque le double de ceux qui ont trouvé de place. La capacité d'accueil n'est
seulement 10 500 personnes, pourtant plus 20 000 supporters étaient disposés à
supporter les grenadiers. Faute d'infrastructure, leur soif reste insatisfaite. Dans les émissions sportives
à la télé et à la radio, sur les réseaux sociaux on demande de meilleures
infrastructures sportives. Les investissements réalisés jadis sont très limités. Haïti a donc
besoin des investissements beaucoup plus sérieux sur le plan sportif.
Il est temps de comprendre que le
football, tout comme d'autres sports, a
besoin le support des autres secteurs, comme la santé, le logement, le transport
et la communication....Si nous arrivons à résoudre le problème de service
sanitaire que nous avons, si nous arrivons à résoudre le problème de transport,
le problème d'hébergement, tout cela aura un impact très positif sur le progrès
de nos différents sports, notamment le football.
Une des images au sens d’humoristique,
que les internautes haïtiens font un montage exprimant la surprise de la sélection
haïtienne durant la Gold Up 2019, est celle du capitaine de la sélection
canadienne juste après la 3eme but haïtien. Il a marqué un but, mais refusé par le corps
arbitral, car il était hors jeux. En mettant les mains sur sa tête et ouvrant
grandement les yeux pour exprimer sa désolation; les internautes font de cette
image que le joueur a appris que cette Haïti qui arrive à élever la tête devant
son équipe n'a qu'un seul stade! La leçon dans tout ca, c'est que si nous avions
des investissements valables qui se focalisaient dans ce sport là, et
indirectement d’autres investissements dans de domaines complémentaires, les résultats seraient encore plus importants.
Il est donc temps que nous comprenions
que le football reste l'un des
marchés les plus ouverts dans le monde et que nous prenions les dispositions qui s'imposent pour en
profiter. Beaucoup d'enfants et de jeunes haïtiens ont le talent de jouer au foot. Plusieurs
adultes d'aujourd'hui qui pataugent dans la misère sont des footballeurs ratés car dans le quartier, à
l'école, ils ne trouvaient pas assez d’encadrements.
Tout comme certaines stars musicales
s'investissent dans leur pays et participent grandement dans le développement économique de leur
pays/dans leur continent. À titre exemple le rappeur afro-américain Akon. Il y
a des footballeurs qui font de même. C’est le cas de Lionel Messi de l'Argentine à Rosario sa
ville natale. Donald Guerrier vient de le faire dans le sud. Milien Pascale à leogane. Donc, le développement
de ce sous-secteur peut apporter un plus dans notre économie.
Il importe de savoir aujourd'hui, si
nous ne produisons pas beaucoup plus de personnes qui puissent devenir riche,
nous ne pouvons jamais devenir un pays riche. Il nous faut beaucoup plus de
riches et une classe moyenne plus élargie. Le football engendre des millionnaires à travers le
monde, nos footballeurs devront avoir aussi ce privilège. Nous devons donc
créer les conditions pour que nos joueurs puissent arriver au sommet .
De ce fait, une politique sportive sur
le long terme doit être définie et mise en application en Haïti. L’enfant ou le jeune qui veut bien reussir sa
vie à partir de ce sport est une evidence.. En guise de décisions à prendre par
l'Etat Haïtien pour y arriver, je propose cinq:
1- Exiger aux clubs un espace de
formation continue débutant a bas âge. Cet espace sera supporté par l'Etat à
travers la MJSAC et la FHF pour son décollage.
2- Travailler à aider les clubs de
devenir de véritables institutions qui fonctionnent en plein régime, qui peuvent assurer leur progression
après leur décollage et peuvent aussi donner des rapports annuels pertinents.
3- A partir des formations continues,
renforcer le professionnalisme du staff de dirigeants des clubs.
4- Mettre en place des incitations à
l'investissement dans ce sous-secteur à partir d'un projet ou d'une proposition
de loi.
JP Wesner Emmanuel Louis-Jeune,
Economiste, Consultant en développement communautaire
Président du CAD/CADHAI
Notes
·
Bastien Drut, Économie du football professionnel, La
Découverte, coll. « Repères
Économie », 2011
·
Bastien Drut et Richard Duhautois, 20 questions improbable sur le
foot, De Boeck, 2014, 120 pages
·
Jean-François
Bourg, Football business, Paris, Olivier Orban, 1986
·
(en) David
Conn, The Football Business. Fair game in the 90's?, Londres,
Mainstream, 1997, 308 p.
·
Cf. MAGUIRE,
Joseph ; ELLIOTT, Richard, “Thinking outside the box : exploring a
conceptual synthesis for research in the area of athletic labor
migration”, Sociology of Sport Journal, vol. 25, n° 4,
2008, pp. 482-497.
·
Géoéconomie no 54, Football, puissance,
influence, Paris, Choiseul, 2010
·
Pierre Rondeau et Richard Bouigue (issn de la
collection), Le foot va-t-il exploser ? : pour une régulation
du système économique du football
L'équipe Grenadiers FC, entre autre, vient récemment de remporter la Copa América à Taiwan. Une preuve de plus que notre football se fait une santé en ce moment.🙂
RépondreSupprimerLa progression continue.
RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire Laguerre Defay.
Bon travail Emmanuel ! Merci pour ce que vous faites au sein de la communauté haïtienne.
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