La récession est un concept utilisé en économie pour expliquer le ralentissement du rythme de la croissance économique (à l'échelle nationale ou mondiale) au rythme inférieur à la croissance potentielle en temps normal. Ce qui provoque une diminution considérable des revenus, affectant le PIB à la baisse pendant au moins deux(2) trimestres consécutifs.Tandis que, la dépression désigne une chute importante et durable du PIB.
Dans l'histoire économique contemporaine, nous avons connu plusieurs périodes de récession ou de dépression. D'ailleurs , il y a un siècle de cela, la crise de 1929 à 1939, considérée jusque là comme le plus grand krach boursier du XXème siècle, avait touché le marché boursier américain premièrement puis l'Europe à l'exception de L'URSS. Et plus proche de nous, la grande récession de 2008, qui a touché la plupart des pays industrialisés sauf le Brésil, la Chine et l'Inde. Les Etats-Unis ont été les premiers à entrer en récession en décembre 2007, suivis de la zone euro en 2008. Ces crises là avaient eu évidemment comme déclencheurs, des phénomènes économiques et financiers.
Le coronavirus comme étant une crise sanitaire, s'accompagne avec lui déjà un net ralentissement économique qui traduit rapidement une situation de récession qui pourrait même conduire à la dépression. Mais, il faut signaler qu'à chacune des périodes dramatiques dans l'histoire de l'humanité, les banques centrales se positionnent généralement comme les derniers remparts afin d'éviter l'effondrement des économies. D'ailleurs,dans le cas de la crise de 1929-1939 notamment , la théorie salvatrice qui a été adoptée était celle de Keynes, eu égard la théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et et de la monnaie(1936) qui prônait pour créer l'équilibre macroéconomique, l'intervention de l'Etat (à travers les gouvernements) sur le marché, de tel marché prescrivait une sorte d'exclusion de l'Etat dans l'économie à l'époque par les classiques.
En 2008, encore une fois, l'Etat à travers la FED aux Etats Unis et la BCE en Europe voulut faire sentir son importance extraordinaire comme un acteur économique de dernier ressort.
Durant cette crise sanitaire provoquant déjà des taux de chômage de plus de 20% aux Etats-Unis et de 30% dans la zone Euro; les banques centrales de ces pays de premier rang se firent déjà signalés. Par exemple, selon leurs capacités d'intervention et d'endettement, la zone Euro détient la première partie de leur plan et dispose plus de 540 milliards d'euros pour aider les pays les plus touchés entre eux à faire face aux conséquences économiques de la pandémie de coronavirus. Aux Etats-Unis, les responsables disposent d'une enveloppe de 2000 milliards de dollars pour sauver l'économie américaine.
Quid Haiti, le pays de dernier rang avec un État très faible?
Rappelons nous qu'Haïti est un pays en situation de crise économique cyclique. Il est évident en tant qu' Etat faible, il est devenu beaucoup plus dévasté à cause de la covid-19. Après plusieurs cataclysmes et mauvaise gestion des gouvernements qui se suivent, le pays devient incapable de décrocher des prêts spectaculaires non seulement à cause de la mauvaise gestion mais aussi à cause l'annulation à plusieurs reprises de ses dettes.
La Covid-19 pourrait toutefois devenir une occasion pour relancer l'économie en agonie, avec une balance de paiement négative. Mais comment relancer raisonnablement la production nationale avec des responsables politiques irresponsables? Comment parvenir à réduire les dépenses futiles de l'Etat avec des politiques jouisseurs? Comment rétablir la sécurité pour relancer le tourisme local avec des dirigeants politiques qui, pour maintenir le pouvoir et chasser ses adversaires au pouvoir, ont recours aux bandits de grands chemins pour cette sale besogne ? Comment relancer la production nationale, sans des lois et des décisions qui s'imposent , de façon à affaiblir la rentrée des produits que nous avons la capacité de produire?
Face à tous ces grands défis, quoi faire?
La solution n'est autre qu'une métamorphose de nos hommes et femmes politiques; obligés de se mettre ensemble et se faire entourer des professionnels chevronnés, devant travailler en toute urgence sur un plan de sauvetage d'Haïti.Ici, nous pouvons compter sur une pléthore de Médecins, d'Économistes, d'Agronomes, de Gestionnaires, de Sociologues, et j'en passe, pouvant concerter entre eux, et qui pourrait être un garant à un régime politique qui sait bien gérer ses ressources afin de conduire Haïti à prendre les meilleures décisions post-Covid-19. Nombreux sont ceux et celles qui émettent de bonnes idées, mais le moment doit profiter à de bonnes actions. Non pas pour faire du m'as tu vu, mais pour sauver Haiti.
Bref,mon appel à travers cet article, ce n'est pas d'étaler des belles propositions destinées au néant, mais plutôt un appel à mes collègues économistes plus brillants que moi et à d'autres cadres voire les élites politiques qui peuvent donner une démonstration de leur générosité envers Haïti à ne pas rater cette nouvelle opportunité de partir sur de bien meilleures bases avec notre chère Haïti. Le nouveau mandat doit être le mandat des mandants, pas le mandat pour jouir, pas le mandat pour se maintenir au pouvoir voire renverser ses adversaires pour justifier des intérêts mesquins. Je termine pour dire: Aimons le pays, Aimons Haïti ! Aimons la terre de Dessalines, Aimons-nous nous mêmes! Relevons nous de nos défis qui sont désormais plus cossus avec la Covid-19 !
Notes de référence :
1. Pierre-Cyrille Hautcoeur, La crise de 1929, La Découverte, 2009, 1re éd.
2. Ben Bernanke, Essays on the Great Depression, Princeton University Press, 2005, 1re ed.
3. Milton Friedman et Rose. D. Friedman " The Anatomy of Crisis...and the Failure of Policy", Journal of Portfolio Management 6 no 1, autonome 1979, p. 15-21.
Emmanuel Louis-Jeune,
Economiste, Consultant
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